Laines et tricots de Norvège 1 : la fabrication de la laine

Tricots norvégiens

Tricots norvégiens

Vous savez peut-être que je fus une grande tricoteuse (jusqu’à ce que j’aie une entreprise de création de vêtements pour enfants où j’étais alors dans la couture).

Depuis l’âge de cinq ans, je tricote et, plus c’est compliqué, mieux j’aime. Les tricots avec motifs norvégiens, j’en ai donc plusieurs à mon actif.

En voyant tous ces beaux chandails vendus dans les boutiques à touristes à Bergen, j’ai voulu en savoir plus sur ce commerce de produits de luxe (le prix le plus bas pour un chandail à motifs norvégiens, en pure laine, est environ à 250 $).

Le musée du tricot de Salhus

A Salhus près de Bergen se trouve le musée du tricot, une ancienne manufacture de vêtements tricotés, Salhus TricotagefabrikLe musée est le seul de son genre dans le pays et est l’un des huit centres du patrimoine national de l’industrie. Les visiteurs peuvent voir l’ensemble du processus de filage de la laine jusqu’au produit fini.

IMG_2256_redimensionnerCette fabrique, fondée en 1859, est l’une des premières usines de bonneterie en Norvège.Il y a été produit plus de 500 modèles de vêtements différents comme des sous-vêtements longs et courts pour hommes et femmes, gilets, chaussettes, vêtements de sport, maillots de bain, en laine et en coton. C’est là qu’étaient fabriqués les sous-vêtements de haute qualité de la marque « Krone », ou « KroneMaco».

Avant de commencer la visite de l’usine, on nous présente un film de 30 minutes qui raconte l’histoire de cette entreprise, de la vie du village qui a été amené à ce qu’il est aujourd’hui grâce à la bonne gestion de leurs propriétaires. En effet, quand plusieurs maisons du village ont été construites pour héberger les travailleurs qui venaient de loin.

Le village s’est agrandi. Une école, une église et des magasins ont vu le jour. A l’époque où les affaires allaient bien, les gens du village avaient tout ce dont ils avaient besoin au village et n’avaient pas besoin d’aller à Bergen qui, pourtant, n’est qu’à 15 minutes d’auto. Des activités sociales étaient aussi organisées car les propriétaires de l’usine avaient compris qu’un travailleur heureux est plus efficace et produit plus.

L’usine a été fermée en 1989 et, en 2001, le Musée du tricot a été ouvert. Les machines sont anciennes et encore fonctionnelles.

La fabrique de fils à tricoter et feutres Hillesvåg Ullvarefabrikk

Beaucoup d’opérations sont nécessaires avant de commencer à tricoter. C’est à Hjelmås, à 30 minutes au nord de Bergen, que se trouve une des premières fabriques de fils à tricoter de laine et coton, la fabrique de laines de Hillesvåg.

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Arild Myhr, petit-fils du fondateur, en train de montrer un écheveau de laine sorti de la teinture

J’y suis arrivée un matin sans avertir. (En tant que journalistes, on essaie d’avoir des rendez-vous avant d’aller aux endroits pour être sûrs de ne pas y aller pour rien mais, ces temps-ci, je vais plus à l’inspiration et je reçois de belles surprises).

La guide officielle était en congé aussi j’ai eu le plaisir d’être accueillie et guidée par un de ses propriétaires, Arild Myhr, petit-fils du fondateur de cette fabrique où travaillent aussi encore le frère et le père d’Arild qui a 81 ans. Ils sont tous les trois propriétaires.

Cette fabrique est aujourd’hui un Économusée*, c’est-à-dire que, tout en étant fonctionnelle, la fabrique propose un tour guidé pour expliquer toutes les étapes du cardage, feutrage,  filage et teinture des laines. (Le concept des Économusées* est québécois aussi cela m’a fait tout drôle de voir qu’il est aussi en Norvège).

C’est donc avec un grand plaisir que j’ai découvert l’histoire de cette famille et fait le tour de toutes les étapes de production des fils à tricoter.

Le grand-père d’Arild a construit cette fabrique à cet endroit, sur la rivière qui va au fjord, et a commencé à commercialiser ses services et produits dès 1898. Avec les années, le fils puis les petits-fils ont agrandi l’usine dans tous les sens possibles, l’endroit étant plutôt étriqué dans une vallée étroite.

La maison à droite de l’usine est celle que le grand-père a construite pour lui et sa famille grâce au bois des caisses dans lesquelles lui étaient envoyées les balles de laine.

Les étapes

Les différents moutons produisent différents types de laines qui sont traités de façon différentes, des plus fines aux plus grosses et rudes.

La laine la plus fine et la plus douce est le Mérinos. « Le Mérinos est une race de moutons [originaire d’Espagne] provenant principalement d’Australie, dont la toison dense et bouclée donne une laine abondante et confortable, élastique et résistante. Trois fois plus fine que la laine traditionnelle, elle ne pique pas. Elle est si douce et soyeuse qu’elle convient même aux peaux les plus sensibles. Elle est aussi très isolante et régulatrice en température. Un mouton Mérinos produit chaque année l’équivalent de 9000 km de fibre. » Source

Le premier traitement est le lavage pour extraire tout le gras de la laine, la lanoline. Comme le gouvernement norvégien octroie un certain quota de retour de ce produit brut dans les eaux du pays, la fabrique de Hillesvåg ne peut donc laver toute la laine norvégienne qu’elle reçoit. Une partie de la laine est donc envoyée en Angleterre pour y être lavée. Environ 30% de toute la laine envoyée revient en Norvège, le reste étant vendu dans le monde.

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De g. à d. et de bas en haut : laine mérino (la plus fine et douce), laine de mouton gris, laine coupée du mouton avec sa lanoline, laine de mouton blanc. A droite : laine filée mais pas encore tordue en fil à tricoter

Vient ensuite le cardage où les fibres sont désenlacées les unes des autres pour en tirer les fils, puis le feutrage ou le filage, les deux façons de créer ensuite des produits de laine. Le filage se fait en plusieurs étapes.

La suite en images :

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Suite du reportage :
La fabrication des chandails de laine aux motifs norvégiens :
1. Dale of Norway
2. Oleana

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* Un ÉCONOMUSÉE® c’est d’abord une entreprise œuvrant dans le secteur des métiers d’art ou de l’agroalimentaire qui utilise un savoir-faire authentique dans la fabrication de ses produits.

Un ÉCONOMUSÉE® met en valeur des artisans et leurs métiers. Il rend possible la rencontre avec l’artisan qui ouvre son atelier au public, transmet son savoir-faire et sa passion en plus d’offrir des produits fabriqués sur place.

Sur le plan touristique, un ÉCONOMUSÉE® constitue un élément novateur car il permet à une entreprise privée de faire connaître au grand public la culture locale et de contribuer de manière significative à la préservation du patrimoine culturel immatériel.

Économusées du Québec, Économusées dans le monde

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