Laines et tricots de Norvège – 3 : les tricots Oleana

oleana33Le premier jour où je suis allée me promener à Bergen, le lendemain de mon arrivée en Norvège, mon regard a été attiré par une boutique dont la vitrine présentait des tricots comme je n’en avais jamais vus. L’énergie qui se dégageait de ce magasin ainsi que les dessins, les couleurs et les formes étaient tellement beaux…

C’est là que j’ai découvert les tricots Oleana. Uniques comme je n’en avais jamais vus. Une qualité de tricot incomparable, des agencements de couleurs magnifiques, des modèles si féminins. A la fois modernes et anciens, ces tricots semblent sans temps, impossibles à démoder. L’ambiance dans la boutique était étonnamment calme et sereine.

Le chandail le moins cher coûtait aux environs de 300 $. J’ai pris quelques photos et suis sortie du magasin en me disant que j’allais un jour revenir en acheter, un jour où mon portemonnaie serait plus rempli. Et puis je n’y ai plus pensé.

C’est après ma visite de la fabrique Dale of Norway, quelques semaines plus tard, qu’Astrid – mon hôtesse – m’a invitée à m’arrêter chez Oleana sur mon chemin de retour à Bergen. Elle avait compris combien tout ce qui touche au tricot et aux vêtements «typiques» de Norvège m’intéressait. Je ne savais pas que la fabrique d’Oleana était si proche.

La fabrique d’Oleana

Comme il était encore tôt dans la journée, j’ai repris la route. Aidée par le GPS, je me suis bientôt arrêtée à la fabrique d’Oleana à Ytre Arna.

En entrant dans le bâtiment, une porte à ouvrir qui donne sur une grande salle ensoleillée. Pas de réceptionniste. Juste un message sur un chevalet de peintre, à l’entrée de la grande salle de couture, souhaitant la bienvenue aux visiteurs et qu’ils peuvent se balader comme bon leur semble…

oleana2Je voulais cependant rencontrer les propriétaires de l’entreprise. Un étage plus haut, un panneau en norvégien sur la porte m’indiquait quelque chose que je n’ai évidemment pas compris. J’ai toqué puis suis entrée, n’ayant pas de réponse. Je me suis retrouvée dans une autre grande salle à aire ouverte, entre les bureaux des propriétaires, la salle de représentation et le stockage. Une grande dame mince est venue m’accueillir, Signe Arhus, une des propriétaires d’Oleana.

Après les présentations, elle m’a offert un gros livre magnifique sur l’histoire de leur entreprise avant de me montrer la boutique et la cafétéria où je devais l’attendre car elle devait animer une réunion d’employés. J’en ai donc profité pour découvrir la collection actuelle puis commencer à lire l’histoire de cette entreprise.

Un peu d’histoire

Signe Arhus et son époux Kolbjorn Valestrand ont fondé Oleana en 1992 avec la designer Solveig Hisdal. Ils se sont rencontrés alors qu’ils travaillaient tous les trois pour une autre fabrique de vêtements tricotés. Des divergences d’opinions et de philosophie avec leur employeur les ont incités à vouloir créer leur propre entreprise. N’écoutant que leur coeur et leur passion, ils ont mis maison et chalet en garantie pour pouvoir investir dans un local, des machines et des employés.

Un design unique

oleana1Les premières créations d’Oleana relevaient des motifs norvégiens classiques mais, très vite, la designer Solveig Hisdal a donné un autre sens au design des vêtements d’Oleana.

Les propriétaires voyageant beaucoup, notamment pour trouver des fournitures inédites (boutons, fils spéciaux, etc.), ils revenaient avec des objets et des photos dont elle s’est inspirée. Elle a ainsi donné aux tricots des motifs provenant, par exemple, d’un bol trouvé à Istanbul, d’un papier peint anglais, d’une tuile de céramique de Venise et de bien d’autres objets du monde ou de la vie courante.

Les produits

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Chandail, écharpes et poignets indépendants

Chandails, vestes, jupes, foulards, couvertures et petits accessoires en laine mérino/soie et alpaca pour femmes et enfants sont tricotés et assemblés sur place, auxquels s’ajoutent des vêtements en tissu de soie qui s’accordent aux tricots tout doux qui ne piquent pas.

La moitié de la production est vendue à l’étranger. Malgré les prix élevés, plus hauts que ceux des tricots de Dale of Norway, l’entreprise croît continuellement, «victime» de son unicité et de son originalité et, de plus, j’en suis sûre, grâce à leur philosophie d’entreprise avant tout humaine. L’adage «Ce qu’on donne nous revient» leur va bien car ils récoltent le succès dû à leur générosité et leur bienveillance envers leurs employés, leurs fournisseurs et leur collaborateurs dans le monde. A ce titre, ils vont notamment faire attention à la provenance des fils qu’ils vont utiliser, préférant une production éthique à une production commerciale.

Une philosophie d’entreprise heureuse

En discutant avec Signe tout au long de la visite de la fabrique, j’ai découvert une philosophie d’entreprise comme on en connaît peu mais qui est, à mon sens, tellement plus saine que celle qu’on connaît habituellement. Cette philosophie d’entreprise m’a vraiment touchée par son fonctionnement, l’ouverture d’esprit, la gentillesse des propriétaires envers leurs employés tout en restant chacun dans leur rôle avec le plus grand respect.

Signe et Kolbjorn avaient de l’expérience comme employés dans un même type d’entreprise. En fondant la leur, ils voulaient faire en sorte que leurs employés soient traités de façon à ce qu’ils soient heureux dans leur travail. Ils avaient compris que des employés heureux produisent plus et mieux.

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La machine pour faire les bords de finition

Les 70 employés de l’entreprise gagnent le même salaire, peu importe le poste qu’ils occupent. Dans ce genre d’entreprise, normalement, les employés sont au rendement à la pièce. Donc, en étant tous payés de façon égale, certains peuvent aller plus lentement que d’autres et donc travailler moins pour le même salaire ?

Signe m’a répondu que non. L’ambiance et l’organisation du travail fait en sorte que tous les employés ont le même but, les mêmes intérêts et ils sont donc tous motivés de la même façon. Le fait qu’ils doivent tous alimenter la chaîne de travail à la bonne vitesse, laquelle est calculée sur le rendement à fournir pour respecter les prix de vente au bout de la ligne.

Si, par malchance, un employé ne travaille pas assez vite, ralentissant alors toute la chaine de production – il y a quand même une vitesse à respecter -, on va l’encourager à accélérer. Si cela ne lui est physiquement pas possible, on va éventuellement lui trouver un autre poste dans l’entreprise ou le remercier mais vraiment en dernier recours.

Gratitude

Signe m’a expliqué que, par exemple, à chaque fin d’année fiscale, une fois toutes les dépenses payées, les propriétaires prennent une partie des bénéfices et amènent les 70 employés en voyage quelque part dans le monde. Ils partent tous ensemble quelques jours et vont visiter une fabrique de boutons en Turquie par exemple, histoire de leur montrer comment sont fabriqués des morceaux des vêtements qu’ils assemblent chaque jour.

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La salle à manger au raz de l’eau du fjord

Ces «sorties», ainsi que bien d’autres détails instaurés dans les relations entre employés et patrons, créent une ambiance qui respire la paix et la bonne humeur dans toute la fabrique.

Les salles de travail sont spacieuses et lumineuses. La grande salle à manger, située presque au raz de l’eau du fjord, accueille les employés de façon chaleureuse. Les propriétaires prennent soin de leurs employés et ça se sent.

Vous l’avez deviné sûrement, j’ai été charmée par les créations d’Oléana ainsi que par ses propriétaires et leur philosophie d’entreprise. J’ai dû laisser, à regret, le gros livre de l’histoire d’Oleana en Norvège car trop lourd et gros à transporter durant deux autres mois de voyage à venir. J’y ai lu un début d’histoire qui m’a touchée, rempli de détails et d’anecdotes charmantes et intéressantes, tout comme ma visite et les rencontres que j’y ai faites.

Je n’ai pas pu m’acheter la veste qui m’avait charmée particulièrement, cintrée, dans les tons de rouge, orange, rose et vert, n’en ayant alors pas les moyens, mais quelque chose me dit qu’un jour, j’aurai ma veste d’Oléana, un jour…

On doit toujours continuer à rêver. C’est ainsi que nos rêves finissent par se réaliser, comme celui de Signe, Kolbjorn et Solveig qui s’est réalisé et qui grandit toujours…

Leur site web : https://en.oleana.no/

Quelques photos :

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9 commentaires :

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  2. Veronique Lecompte

    Bonjour
    Francaise qui passait régulièrement a Bergen, je suis tombée amoureuse au premier regard des produits fabuleux d’Oleana. J’ai 3 vestes deja et un tricot, petite collection construite au fil des ans… vu le prix. Mais la qualité est extraordinaire et e design a la croisée des motifs norvégiens et japonais est juste unique. La qualité des matériaux permet un choix et une subtilité de couleurs extraordinaire.
    Merci pour cet excellent article qui décrit aussi leur philosophie d’entreprise.
    Le problème… acheter les produits hors de Norvège. Avez-vous un bon plan car je n’y vais plus…
    Bien cordialement
    Veronique

  3. Si j’avais su que OLEANA était si près de BERGEN, je n’aurais pas hésité à me rendre à la fabrique. C’est en rentrant en France que j’ai découvert les magnifiques tricots, et depuis je rêve d’en acheter un. Comment faire ?
    Il y a bien une adresse en France mais on ne m’a jamais répondu. Il y a bien une boutique à Paris mais il n’y a pas de choix (2 ou 3 articles), alors je rêve de pouvoir acheter par correspondance. N’est-ce pas possible ? SVP pensez à vos groupies. Merci d’avance.
    Daniele JERÔME

  4. Christa Milléquant

    Bonjour Madame,
    Je suis l’ex-agent de la marque en France et ai encore quelques articles dans mon stock.
    Si cela pouvait vous intéresser, je pourrais vous proposer un prix intéressant.
    Bien cordialement.
    Christa Milléquant

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